Mots-clés : Protocoles, Annexes-2008
Les protocoles peuvent s’adapter au contexte, mais il est parfois nécessaire d’avoir des approches totalement différentes suivant les types de réseau. Le réseau internet utilisé par les humains est de plus en plus multimédia (vidéos en streaming, téléphonie IP, messagerie instantanée en visiophonie, diffusion radio ou TV en direct…). Les objets pour leur part ont besoin de moins de bande passante pour échanger des messages. Mais dans leur cas, la consommation d’énergie est un élément critique. Les objets intelligents et communicants doivent embarquer une batterie qui dans l’idéal doit avoir une longévité équivalente à la vie de l’objet. Les objets doivent également s’autoconfigurer pour éviter que nous n’ayons à prendre en charge demain le paramétrage des très nombreux objets qui nous entourent. Certains réseaux (réseaux bancaires ou militaires, par exemple) doivent avoir une sécurité et une qualité de service qui ne sont pas seulement élevées mais qui doivent pouvoir être garanties. Un tel réseau doit même pouvoir être séparé de tous les autres réseaux pour éviter au maximum toute intrusion. Les types de protocoles qui correspondent à ces besoins sont différents les uns des autres. Mais cependant, multiplier les infrastructures physiques pour permettre à plusieurs réseaux de cohabiter coûterait trop cher.
Pour éviter la multiplication des réseaux physiques, il est possible de faire appel à des routeurs virtuels. Comme pour toutes les approches de virtualisation, il s’agit d’ajouter un niveau physique au dessus d’un élément physique. Ici, chaque routeur physique d’un réseau donné peut faire tourner plusieurs « routeurs logiques » indépendants. Il devient possible de faire cohabiter sur le même réseau physique, plusieurs réseaux indépendants entre eux (un programme superviseur permet de répartir des tranches de temps dans le réseau entre les différents routeurs virtuels).
Pour en savoir plus : GENI et le développement des routeurs virtuelsL’idée de routage virtuel s’est développée avec le projet GENI (Global Environment for Network Innovations) [1] lancé à l’initiative d’Intel. Après avoir constaté que la pénétration des processeurs Intel était très faible dans le monde des réseaux, Intel s’est lancé dans la conception d’un routeur. Mais plutôt que de développer un nouveau système incompatible avec les réseaux déjà existants, il a choisi de créer un routeur générique, indépendant des fabriquants, et qui pourrait faire tourner n’importe quel système d’exploitation réseau. L’approche ressemble à celle des microprocesseurs qui peuvent faire tourner plusieurs systèmes d’exploitation [2] sur une même machine, mais dans ce cas, les systèmes doivent pouvoir tourner en même temps. Ainsi, IOS de Cisco, Junos de Juniper ou encore Alcatel OS et Nortel OS doivent pouvoir tourner sur un même routeur.La réponse de Cisco, leader sur le marché des routeurs, a été de virtualiser les différentes versions de son système IOS pour que son routeur puisse faire tourner n’importe quelle version sans avoir besoin d’un routeur Intel. Outre la possibilité pour Intel de prendre des parts de marché dans le marché fructueux des routeurs, les routeurs virtuels ont plusieurs avantages :
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La séparation entre le réseau physique et les différents réseaux virtuels tournant dessus permet de faire cohabiter des réseaux aux besoins très différents (internet, réseaux bancaires…) mais aussi de faire tourner plusieurs versions d’un même réseau pour permettre une migration en douceur ou encore pour tester un nouveau protocole sans perturber les installations existantes. Pour bénéficier de ces avantages, il est nécessaire que les différents réseaux virtuels soient isolés les uns des autres, quitte à mettre une passerelle extérieure pour relier de nouveau les réseaux qui doivent l’être.
Un routeur virtuel nécessite, par rapport à un routeur classique, 20% de mémoire en plus et 20% de puissance supplémentaire pour le processeur pour des débits semblables. Cependant, les routeurs génériques tels que GENI pourraient faire baisser très fortement les prix. Certains pensent que les gros routeurs qui coûtent actuellement entre 10000 et 100000 € pourraient voir leur prix descendre aux alentours de 1000 € ! Il se pourrait que le passage à une approche générique permette le même type de baisse de prix que celui que l’informatique a connu dans le passage de l’informatique propriétaire vers les standards. On peut même imaginer dans le futur des routeurs libres, sur le modèle du commutateur téléphonique (PABX) Asterisk [3].
Notes
[1] GENI : http://www.geni.net/[2] La société VMWare, spécialisée dans les solutions de virtualisation dans le domaine du traitement, permet de faire tourner plusieurs systèmes d’exploitation au-dessus d’un microprocesseur Intel. Alors qu’elle fête tout juste ses dix ans, son entrée en bourse en juillet 2007 a permis de valoriser l’entreprise à près de 20 milliards de dollars. Les sociétés innovantes dans le domaine de la virtualisation des routeurs pourraient rapidement suivre le même chemin.
[3] Asterisk, autocommutateur libre : http://www.asterisk.org/